Suivez l'étoile... Un scientifique briançonnais de la Renaissance vous aide à lire dans les astres.
Mise à jour novembre 2024
Oronce Fine (1494-1555), né à Briançon, est à la fois mathématicien, astronome et cartographe. Il est connu pour avoir mis les sciences mathématiques au goût du jour en France, et pour avoir construit de nombreux instruments (cadrans solaires, horloges). Renommé de son vivant, il enseigne à Paris à l'époque de la Renaissance.
À quoi ressemblait-il ? Sur cette gravure, réalisée sans doute d'après un dessin d'Oronce Fine, nous le voyons entouré de ses instruments en train de recevoir les conseils d'Uranie, la muse de l'astronomie.
L'astrologie au 16e siècle
Au début du 16e siècle, les contours des disciplines scientifiques ne sont pas les mêmes qu'aujourd'hui. L'astronomie et l'astrologie se confondent, et les plus grands astronomes sont aussi astrologues. Ils pratiquent l' « astrologie judiciaire ». « Judiciaire », car on voit le jugement de Dieu dans les lois qui régissent le mouvement des astres. En comprenant leur influence, on a donc l'espoir d'interpréter la volonté divine et de prédire l'avenir :
Ce ne sont pas termes facétieux
De connaître le cours industrieux
Des planètes, quelque chose qu'on fasse
Par ce moyen l'on peut suivre la trace
Du créateur en y dressant les yeux.1
L'astrologie joue à l'époque un rôle important dans la pensée scientifique, ainsi que dans les superstitions populaires. Les almanachs sont très répandus : ils contiennent des « pronostications », c'est-à-dire des prophéties, des calendriers, ainsi que des prévisions météorologiques et des conseils pour se préserver des maladies. De grandes figures du 16e siècle sont à la fois médecins et astrologues, comme Michel de Nostredame, appelé Nostradamus, ou encore François Rabelais, l'auteur de Pantagruel et Gargantua.
Les publications d'Oronce Fine sur l'astrologie
Oronce Fine lui aussi se livre à l'astrologie, une compétence qui a dû participer à sa notoriété. En 1543, il publie une introduction à l'astrologie judiciaire, intitulée Canons et documents très amples, touchant l'usage et pratique des communs almanachs .... L'ouvrage ne contient pas à proprement parler de prédictions. Oronce Fine y explique les bases nécessaires à la compréhension des almanachs. Il décide de rendre cette connaissance accessible au plus grand nombre en écrivant en français et non en latin, et en simplifiant le propos des autres astrologues.
Le livre contient 30 canons, autrement dit articles, qui présentent les connaissances nécessaires pour pouvoir utiliser les éphémérides, ces tables par lesquelles on détermine la position des planètes. D'abord, il présente la théorie : les éclipses du soleil et de la lune ; les planètes, leurs mouvements et leurs caractéristiques ; les 12 maisons du ciel ; le zodiaque, ses 12 signes et leurs caractéristiques.
Ensuite, il expose la manière de faire des prévisions à partir des éphémérides : définir le moment idéal pour bien négocier, pour faire les saignées et prendre les médicaments, pour semer, cultiver les arbres et les vignes... Ainsi, par exemple, si Saturne est avec la Lune en conjonction :
Le jour est malheureux pour toutes œuvres, et principalement ne fait pas bon avoir affaire avec gens vieux, rustiques et laboureurs.
Ou encore si Vénus est avec la Lune en quadrature :
Il fait bon prendre femme, traiter d'amour avec les dames, orner sa perruque, tailler et vêtir habillements nouveaux.2
L'ouvrage a rencontré tant de succès qu'Oronce Fine en propose une réimpression en 1551. Cette seconde édition contient en plus le traité d'un mathématicien et astrologue arabe du 10e siècle, Alcabice, déjà connu en Occident au Moyen Âge. Ce traité, qui parle de la conjonction des planètes, est traduit du latin par Oronce Fine.
les liens
- Retrouvez un autre article de Culturicimes Patrimoine qui explore le talent d'illustrateur d'Oronce Fine : Oronce Fine illustrateur.
- Les Archives départementales des Hautes-Alpes conservent de nombreux ouvrages d'Oronce Fine, ornés de très jolies gravures, consultables en ligne. Retrouvez-les dans l'article Sciences de Culturicimes Patrimoine.
les références
1 FINE Oronce, La théorique des ciels, mouvements et termes pratiques des sept planètes ..., 1528.
2 FINE Oronce, Canons et documents très amples, touchant l'usage et pratique des communs almanachs... , p. 4.
BIGOURDAN Guillaume, L'astronomie : évolution des idées et des méthodes, 1911, p. 24.
GALLOIS Lucien, « Un géographe dauphinois : Oronce Fine et le Dauphiné sur sa carte de France de 1525 », Recueil des travaux de l'institut de géographie alpine, tome 6, n°1, 1918, pp. 1-25.
ADHA : source archives.hautes-alpes.fr / Archives départementales des Hautes-Alpes
BnF : source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France